…me disait ma grand’mère !
L’idée que « en politique, dire la réalité économique en face conduit à un lynchage médiatique » repose sur une dynamique complexe entre les dirigeants et le peuple, où les vérités économiques impopulaires sont souvent rejetées au profit de discours plus séduisants, mais mensongers. Cette situation révèle des éléments clés du fonctionnement des démocraties modernes, particulièrement en France, et illustre les tensions entre vérité, populisme et responsabilité politique.
Théorie philosophique : Le populisme et la crise de la vérité
Ce phénomène peut être analysé à travers les théories de la démocratie et du populisme, notamment celles qui se concentrent sur le conflit entre gouvernance responsable et démagogie.
1. La théorie du populisme et de la démagogie
La politique populiste repose sur une simplification extrême des problèmes complexes et une promesse constante de solutions faciles et immédiates. Les politiciens populistes, de droite ou de gauche, cherchent souvent à flatter les désirs du peuple, même si cela signifie ignorer la réalité économique ou la nécessité de réformes impopulaires. Ce populisme naît de la tension entre l’exigence de popularité pour se maintenir au pouvoir et la responsabilité de gérer un État.
Pour répondre aux attentes électorales, les politiciens évitent les discours sur les sacrifices nécessaires ou les réformes douloureuses (comme l’augmentation de l’âge de la retraite ou des impôts, diminution des dépenses, etc.). En conséquence, ils perpétuent des promesses intenables qui aggravent la situation économique, tout en cherchant à détourner la colère populaire vers des boucs émissaires ou des arguments simplistes.
2. Le paradoxe de la vérité politique : la théorie de la “post-vérité”
Dans un climat de “post-vérité”, terme popularisé pour décrire une époque où les faits objectifs ont moins d’influence sur l’opinion publique que les émotions ou les croyances personnelles, les vérités économiques difficiles sont systématiquement rejetées. Ce phénomène crée une distance entre la réalité des faits économiques et les attentes populaires, rendant toute tentative de réforme perçue non pas comme une nécessité mais comme une agression.
Un illustre philosophe inconnu, argumente que la manipulation de la vérité n’est pas nécessairement un mensonge direct mais une indifférence délibérée envers les faits. En politique, cette indifférence se manifeste lorsque les politiciens cherchent avant tout à captiver l’attention ou à manipuler l’électorat plutôt qu’à résoudre les problèmes réels.
3. La responsabilité collective et la peur du compromis
Contrairement à la Suisse, où la culture politique est ancrée dans le compromis et la consultation populaire régulière via les initiatives et référendums, en France, le paysage politique est dominé par une tradition jacobine centralisatrice et conflictuelle. Les partis votent souvent contre des réformes qu’ils soutiendraient autrement, simplement par opposition partisane. Cette approche bloquée et non consensuelle rend toute avancée complexe et alimente le cynisme politique.
…Et je ne vous parle pas du « prix » des grèves, tout un chapitre !
La peur de dire la vérité économique découle également d’une déresponsabilisation collective : chaque acteur politique se retranche derrière le refus de compromis, se cachant derrière la volonté populaire, même si cette dernière repose sur des attentes irréalistes. Cela mène à une politique de court terme, où l’objectif est de gagner les prochaines élections (l’Elysée pour beaucoup), et non de gouverner de manière durable.
Solution : vers une politique de vérité et de responsabilité
La solution à ce cercle vicieux implique plusieurs dimensions :
- Éducation civique et économique du peuple : Informer et sensibiliser la population aux réalités économiques de manière accessible et transparente pour réduire l’écart entre attentes et possibilités réelles.
- Institutionnalisation du compromis politique : S’inspirer des modèles de démocratie directe comme en Suisse, avec des initiatives et référendums plus fréquents et une culture du compromis législatif.
- Politiques de long terme : Adopter des règles budgétaires strictes et des mécanismes de contrôle pour empêcher les gouvernements de creuser la dette sans mesures compensatoires.
- Renforcement de la responsabilité politique : Créer des institutions indépendantes capables de surveiller et de sanctionner les promesses économiques intenables.
- Rétablir la confiance à travers la vérité : Les dirigeants doivent assumer le risque politique de dire les vérités économiques et de proposer des réformes nécessaires, en expliquant clairement pourquoi elles sont inévitables.
Conclusion
La faillite de l’État n’est pas seulement une question économique, mais aussi un problème profond de gouvernance et de culture politique. Si les réformes ne sont pas engagées, une crise de légitimité pourrait aboutir à des bouleversements sociaux, mais la révolution ne résoudra pas la dette ; elle ne fera que redistribuer les cartes du pouvoir sans régler le fond du problème. La clé réside dans la réconciliation du discours politique avec la réalité économique, une tâche difficile mais essentielle pour éviter un effondrement de l’État et de la société.
Pierre Bertherin
Propos personnel avec l’aide rédactionnelle de l’IA