Théorie de la souveraineté intérieure contre l’invasion des usurpateur
Qui êtes-vous, exactement ? Vous, les prescripteurs de vies, les petits gourous déguisés en stylistes, en coachs, en penseurs, en nutritionnistes, en influenceurs, en guides spirituels de supermarché ? Qui vous a donné ce droit d’ériger vos goûts en dogme, vos névroses en modèle, vos croyances en vérité universelle ? Personne. Absolument personne.
Vous vous êtes autoproclamés. Vous vous êtes hissés sur les algorithmes et les vanités collectives. Et maintenant, vous distribuez les bons points. Vous désignez les « has been », les « beaufs », les « retardés ». Vous méprisez tout ce qui n’entre pas dans votre étroite vitrine mentale. Et vous appelez ça « vivre avec son temps » ? Non. C’est juste obéir à l’air du temps. Ce n’est pas de la modernité. C’est de la servilité.
La mode ? Une dictature qui change de forme tous les six mois, juste pour entretenir le marché de l’inutile. Il faut porter ci, jeter ça, se refaire une image tous les matins. On ne s’habille plus, on performe. On ne vit plus, on s’expose. On ne pense plus, on s’aligne.
Les religions ? Très bien, croyez ce que vous voulez. Mais cessez de transformer vos croyances en menaces, vos symboles en obligations, vos dieux en juges pour les autres. La foi est une affaire intime, pas une arme sociale.
Les nutritionnistes ? Des prophètes du quinoa et de la dopamine, qui veulent nous faire croire que le bonheur réside dans un ratio protéines/lipides. Mais qui donc êtes-vous pour me dire ce que je dois manger, boire, digérer ? Mon estomac n’est pas un champ de bataille idéologique.
Les influenceurs ? Pitié. Ce mot est une insulte à l’intelligence. Vous n’influencez rien, vous propagez des pulsions, des complexes, des faux besoins, des faux corps, des faux sourires. Vous êtes les nouveaux vendeurs d’âme, sauf qu’il n’y a plus d’âme à vendre.
Les écrivains de pacotille ? Ces fabricants de phrases vides, ces diseurs de banalités stylisées, ces baratineurs en résidence littéraire qui confondent sensibilité et sensiblerie. Leurs livres sont des soporifiques intellectuels : ça se lit, ça ne pense pas.
Et les gros bras, les coachs, les dominants de salle de musculation ? Comme si avoir un torse en béton vous conférait une autorité morale. La seule force qui mérite le respect, c’est celle de la pensée. Le reste n’est que gonflette et illusion de puissance.
Mais les pires — les pires ! — ce sont ceux qui pensent détenir LA vérité. Ceux qui vous parlent comme s’ils avaient touché le ciel du doigt. Minorités auto-désignées, surreprésentées, ultra-sensibles, ultra-agressives. Des minorités devenues des majorités morales, prêtes à crucifier toute voix dissidente. Ce ne sont plus des victimes. Ce sont des censeurs.
Alors je repose la question : qui êtes-vous ? Pour me dire comment parler, comment vivre, comment être un homme, une femme, un humain ? Qui êtes-vous pour faire passer vos blessures pour des lois, vos lubies pour des obligations, vos caprices identitaires pour des totems sacrés ?
Moi, je ne suis personne pour vous imposer ma voie. Mais vous non plus, vous n’êtes personne pour me nier la mienne.
Je suis souverain de ma conscience. Je suis l’unique juge de mes goûts, de mes choix, de mes silences, de mes colères, de mes fidélités. Je ne veux pas plaire. Je ne veux pas suivre. Je ne veux pas adhérer. Je veux être. Entier. Lucide. Libre. Et s’il le faut, seul.
Le monde entier peut me pointer du doigt. Je ne me courberai pas. Car je sais une chose : se plier à la norme quand elle est absurde, c’est trahir l’homme que l’on aurait pu devenir.
Pierre Bertherin