Le devoir d’être heureux ?

Un illustre acteur, donc quelqu’un qui répète mieux que les autres ce qu’on lui dit de dire, a déclaré sur les ondes « Vous n’avez qu’un seul devoir dans la vie, celui d’être heureux » !

Comme il est acteur, il n’a pas donné la recette, sinon il serait « cuisinier » voire philosophe…

Voici donc ma recette de « cuisinier » avec quelques ingrédients d’IA pour ce « plat » qui semble si facile à avaler :

L’idée selon laquelle, en tant qu’humains, nous avons un devoir d’être heureux repose sur plusieurs perspectives philosophiques, psychologiques et éthiques. Ce concept peut sembler intuitif, mais il est en réalité complexe et implique des nuances importantes.

1. Perspective philosophique : le bonheur comme but ultime

  • Éthique aristotélicienne : Aristote, dans sa Nicomachean Ethics, propose que le bonheur (eudaimonia) est le but ultime de la vie humaine. Il le voit non pas comme un simple état de bien-être, mais comme l’accomplissement de sa nature humaine, ce qui inclut la réalisation de vertus morales et intellectuelles. Dans cette perspective, être heureux est plus qu’un droit ; c’est un devoir moral, car cela signifie réaliser pleinement son potentiel en tant qu’être humain.
  • Utilitarisme : John Stuart Mill et Jeremy Bentham ont développé l’idée selon laquelle les actions sont moralement justifiables si elles tendent à maximiser le bonheur ou le bien-être. Ici, le devoir d’être heureux peut être compris comme une responsabilité de contribuer au plus grand bonheur général.

2. Perspective psychologique : le bonheur pour la santé mentale

  • Bien-être subjectif : La psychologie positive, initiée par Martin Seligman, soutient que le bonheur est essentiel pour une vie équilibrée et épanouie. Le devoir d’être heureux peut être interprété comme un devoir envers soi-même pour maintenir un bon état mental et émotionnel, ce qui est crucial pour la santé globale.
  • Résilience : Être heureux ne signifie pas éviter les difficultés, mais plutôt développer la résilience, c’est-à-dire la capacité à surmonter les épreuves et à retrouver un état de bien-être. Ce devoir de bonheur peut alors être vu comme un engagement à cultiver des habitudes mentales et émotionnelles qui favorisent la résilience.

3. Perspective éthique : responsabilité sociale du bonheur

  • Impact sur les autres : Le bonheur n’est pas seulement une affaire individuelle ; il a un impact sur notre entourage. Une personne heureuse est plus susceptible de répandre des émotions positives autour d’elle, d’être bienveillante, et de contribuer au bien-être général. Ainsi, le devoir d’être heureux peut être compris comme une responsabilité sociale, car notre bonheur personnel influence le bonheur des autres.
  • Modèle pour les autres : En étant heureux, nous pouvons servir de modèle à ceux qui nous entourent. Cultiver son propre bonheur peut inspirer les autres à chercher le leur, créant ainsi un cercle vertueux.

4. Perspective critique : limites et dangers de ce devoir

  • Tyrannie du bonheur : Certains philosophes et psychologues mettent en garde contre ce qu’on appelle la « tyrannie du bonheur », où l’obligation de toujours être heureux peut devenir oppressive. Dans cette vision, le devoir d’être heureux peut être perçu comme une pression sociale qui nie la légitimité des émotions négatives, ce qui peut entraîner des sentiments de culpabilité ou de dévalorisation.
  • Bonheur authentique vs superficialité : Un autre danger est de confondre le bonheur authentique avec une simple quête de plaisir ou d’apparences. Le devoir d’être heureux devrait, dans une vision éthique, encourager une recherche sincère du bien-être profond, plutôt qu’une poursuite superficielle du bonheur de façade.

Et donc ?

L’idée d’avoir un devoir d’être heureux est séduisante et trouve des justifications dans plusieurs domaines de la pensée humaine. Cependant, ce devoir doit être abordé avec nuance. Il ne s’agit pas de forcer un état de bonheur constant, mais plutôt de s’engager dans une démarche consciente de développement personnel, de résilience, et de contribution au bien-être collectif. Le bonheur, en tant que devoir, pourrait être mieux compris comme une invitation à vivre de manière épanouie et responsable, tout en reconnaissant et en respectant la complexité de l’expérience humaine.

Michel Onfray, à mon sens probablement le plus grand philosophe de tous les temps, propose comme but philosophique ultime une forme de sagesse hédoniste, centrée sur le matérialisme joyeux et l’acceptation de la condition humaine. Dans son œuvre, il promeut une philosophie qui rejette les idéaux transcendantaux et métaphysiques, souvent imposés par les religions ou les grandes doctrines, pour se concentrer sur l’immanence, c’est-à-dire sur la réalité du monde tel qu’il est vécu par les individus.

Onfray plaide pour une vie axée sur le plaisir raisonnable et éclairé, tout en cultivant les vertus de la connaissance, de la solidarité, et de la liberté individuelle. Il aspire à un « post-christianisme » où l’homme, libéré des chaînes morales et religieuses, pourrait s’épanouir pleinement en assumant sa finitude et en cherchant à vivre le présent de manière la plus accomplie possible.

Ma conclusion : l’apothéose philosophique, au devoir d’être heureux, consiste donc à atteindre un état de plénitude par l’acceptation lucide de la vie telle qu’elle est, en cultivant un hédonisme fondé sur la sagesse, loin des illusions et des promesses de l’au-delà. Et cesser d’avoir peur, bon sang !

Pierre Bertherin

Propos personnel avec l’aide rédactionnelle de l’IA

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